El Baath: Un nouveau modèle de socialisme

TUNIS (TAP/Semia Boukhatem) – Instaurer « un nouveau modèle de Socialisme, dans l’objectif d’améliorer les conditions de vie des citoyens, à travers une répartition équitable de la richesse nationale », telle est l’ambition affichée par  mouvement El Baath dans son programme économique.
M.Othman Bel Haj Omar, secrétaire général du parti a précisé à l’agence TAP que ce programme propose « une série d’idées qui n’ont pas encore été formulées en objectifs quantitatifs.

 

Il s’agit, selon lui, de rompre avec la corruption et les disparités sociales et régionales, d’impulser la production et l’innovation, ainsi que de «libérer la richesse nationale de l’exploitation étrangère», pour qu’elle ne soit pas liée aux marchés traditionnels, grâce à «l’édification de marchés maghrébins et arabes, permettant de diversifier les opportunités d’affaires et de multiplier les réseaux des échanges commerciaux».

 

Renforcer le rôle du secteur public 

 

Dès lors, le mouvement propose de renforcer davantage le rôle du secteur public sur la scène économique, via la nationalisation des sociétés privatisées qui détenaient auparavant un monopole, le contrôle par le secteur public des services de santé, de l’enseignement, de l’éducation et des activités stratégiques (industrie pharmaceutique, énergie, mines).

Côté secteur privé, l’effort sera orienté vers la consolidation du capital national, notamment les petites et moyennes entreprises, grâce à la mise en place d’une panoplie de mesures incitatives (prêts, dons). Ces entreprises sont appelées à devenir ‘les moteurs’ de l’innovation technologique dans le pays.

El Baath entend faire renaître le système coopératif, de triste mémoire,  de ses cendres, essentiellement, dans les secteurs artisanal et agricole. Il s’agit de motiver la création de groupements de travail afin de préserver les intérêts des petits agriculteurs, des commerçants et des artisans et de générer, par conséquent, de nouvelles possibilités d’embauche.

« La réussite de ce modèle, explique-t-il, est tributaire de la non implication de l’Etat, comme s’était le cas dans l’ancienne expérience ».

Par contre, l’Etat, est appelé à jouer, uniquement, un rôle de coordination et à procéder aux aménagements nécessaires en matière d’infrastructure.

Pour M. Mohamed Haddar, président de l’Association des économistes tunisiens, ce modèle peut être efficace, à condition qu’il ne soit pas généralisé, ni forcé, mais, par contre, laissé au choix des professionnels intéressés.

Par ailleurs, le parti suggère d’œuvrer à réaliser l’autosuffisance en matière de produits vitaux (céréales, viandes, lait, légumes, huiles).

M. Bel Haj Amor pose comme conditions pour la réussite de cet objectif, «la réalisation d’une étude préalables pour les besoins réels de la population en ces produits alimentaires, la mise en place d’un plan directeur adéquat définissant les spécificités des terrains agricoles dans les différentes régions du pays, les capacités de production dans chaque secteur».

Par ailleurs, le mouvement El Baath propose, à l’instar de plusieurs autres partis, de créer une nouvelle carte économique basée sur l’établissement de quatre districts économiques suivant une subdivision géographique horizontale (le nord, le centre -nord, le centre -sud, et le sud). Chaque district bénéficiera, ainsi, des frontières littorales, d’une plateforme aérienne, des terrains agricoles, des pôles touristiques, et des industries diversifiées.

Une instance économique indépendante veillera à la gestion de chaque district. Les quatre seront attachés à un pouvoir central ayant pour mission principale la coordination entre les actions entreprises, afin d’assurer un développement équitable entre les différents districts.

A ce niveau, M. Haddar a souligné que l’idée de la mise en place de cette carte économique est pertinente, dans la mesure où elle permettra de faire bénéficier chaque gouvernorat du pays, quel que soit son emplacement, des richesses naturelles et des atouts du pays (littoral, terrains agricoles, zones industriellesà).

Pour ce qui est des investissements étrangers et locaux, le mouvement propose de les mettre au service de l’économie nationale. Pour ce faire, il prévoit « la révision des avantages destinés à l’investissement, tout en impulsant les projets à forte valeur ajoutée et en exigeant le transfert technologique par les grandes sociétés et firmes multinationales qui s’implantent dans le pays ».

«Il est indispensable de tirer profit des expériences réussies et des innovations adoptées à l’étranger. La mesure de transfert technologique peut aider le pays dans ce domaine», a estimé M. Haddar.

« El Baath » a suggéré, aussi, de réviser le régime de taxation, et d’adopter « le principe de partage des gains entre l’investisseur et les travailleurs » outre l’impératif de revoir la dette extérieure et de lier son remboursement à la récupération des « biens nationaux volés ».

Il s’agit, explique le secrétaire général du parti, de créer une commission nationale qui prendra en charge l’étude des accords de prêts conclus au cours de ces dernières années. Dans une première étape, « nous procéderont au report du remboursement des dettes et essayeront, par la suite de trouver une formule pour effectuer un remboursement souple ».  S’agissant du secteur financier, le mouvement propose d’accorder d’importantes incitations à la colonie tunisienne à l’étranger en vue d’accroître le niveau de leur épargne en devises en Tunisie, et de « réviser la valeur du dinar tunisien à la hausse », tout en tenant compte du pouvoir d’achat des citoyens.

A ce sujet, M. Haddar a indiqué que la réévaluation du dinar influence, automatiquement, le pouvoir de vente du pays. Autrement dit, l’application de cette mesure peut avoir des conséquences négatives sur le niveau de compétitivité de nos produits à l’extérieur, d’autant plus que nous sommes confrontés à une rude concurrence.

« Nous projetons, également, ajoute le secrétaire général d’El Baath, de réviser le système de crédits à la consommation qui donne au citoyen une capacité de consommation irréelle. En contrepartie, nous encouragerons l’octroi des crédits d’investissement ».

Volet industriel, le parti prétend créer des pôles industriels et urbains dans les régions internes de chaque district ; réhabiliter, ré-exploiter et moderniser les mines délaissées, introduire les technologies nouvelles dans les mécanismes de production, renforcer le recours aux énergies renouvelables, améliorer l’infrastructure (routes, chemin de fer, aéroports).

Dans un autre registre, le mouvement El Baath recommande, aussi, un retour au contrôle de l’Etat dans le secteur du commerce extérieur et des prix. Il s’engage, aussi, à rationaliser la consommation, accélérer le rythme des échanges commerciaux arabes et développer le commerce numérique. Il propose même de fonder un marché arabe commun.

Pour le secteur de tourisme, il préconise une refonte des avantages octroyés aux promoteurs touristiques, qui selon le mouvement, ont permis « un enrichissement illégal de certains promoteurs et un endettement bancaire impossible à rembourser ».

Le problème crucial de l’emploi sera résolu, suivant le parti El Baath, progressivement, à travers l’incitation des jeunes à s’implanter à leurs propres comptes, l’adaptation de programmes de formation aux véritables besoins du marché de l’emploi, le développement de l’économie immatérielle, le renforcement des secteurs de service à forte capacité d’embauche.

Il serait indispensable, aussi, selon ce programme économique, de réhabiliter l’infrastructure dans les régions intérieures.