Lumières sur l’expérience des médias tchèques
TUNIS (TAP) – Comment les médias publics tchèques ont-ils réussi la transition démocratique, passant du régime communiste qui a exercé son autorité sur la presse pendant plus de quatre décennies à une période d’indépendance et de neutralité après la révolution de1989?
Cette question a été passée en revue par un certain nombre de journalistes tchèques, jeudi, dans le cadre d’un atelier organisé durant deux jours à Tunis par l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC) en collaboration avec l’association tchèque Globules.
M.Kamel Laâbidi, président de l’INRIC a indiqué que l’organisation de cet atelier s’inscrit dans le cadre de la recherche des moyens susceptibles de réaliser la réforme des médias publics, à travers le diagnostic de la situation en visitant les établissements publics de presse, en restant à l’écoute des préoccupations des journalistes et en présentant des suggestions pour réformer le cadre organisationnel de ces établissements afin qu’ils soient des établissements publics au service des citoyens et non au service du Gouvernement.
Il a formulé l’espoir de voir cette rencontre, à laquelle prennent part des responsables d’établissements de presse tchèques ayant vécu la période de transition démocratique, profiter à la Tunisie, en adoptant une feuille de route qui puisse garantir la conversion souhaitée.
Au cours de cette première journée les interventions se sont axées sur les mécanismes mis en place par les responsables des établissements de la presse écrite et audiovisuelle afin de sortir de l’état de dépendance en République tchèque à l’issue de ce qu’on avait nommé »la révolution de velours ».
Passant en revue les mutations survenues dans le domaine médiatique après la révolution, Thomas Trampota, directeur de l’Institut des études en communication et journalisme à l’Université Charles de Prague a mis l’accent sur l’importance de promulguer des lois pouvant réaliser l’indépendance souhaitée des établissements de presse.
Milos Cermak, journaliste consultant tchèque a indiqué que l’indépendance de la presse écrite a été acquise progressivement, à travers un mécanisme principal: la privatisation des établissements et la polarisation d’investisseurs qui ont fourni la base matérielle et permis l’épanouissement de la presse, dans le respect du professionnalisme et sans le financement du gouvernement ou des partis.
De son coté, Ivo Mathe, premier directeur général de la télévision tchèque après la révolution a souligné l’importance qu’il y a à assurer l’indépendance financière de la télévision publique, ce qui a permis aux responsables de l’établissement et aux journalistes de travailler sans les contraintes de la dépendance.
Il a recommandé de prendre connaissance des expériences des vieilles démocraties dont l’expérience britannique dans le domaine de la presse audiovisuelle et la nécessité d’établir un partenariat avec l’Union européenne.
Il a insisté aussi sur la nécessité d’assurer l’indépendance des premiers responsables et d’élire les membres des conseils de la rédaction et de l’administration.
S’agissant de l’expérience de l’Agence de presse tchèque (CTK) et sa libération du carcan des interdits, Jiri Majster, directeur général de cette Agence a indiqué que l’Agence a rencontré beaucoup de difficultés après la révolution pour réaliser son indépendance et se débarrasser des «instructions» du gouvernement.
Il a fait savoir que les journalistes étaient résolus à faire leur travail loin de toute appartenance partisane ou gouvernementale, ce qui a permis de relever le défi de la concurrence des Agences de presse privées qui ont vu le jour après la révolution.