Moncef Marzouki imagine un gouvernement de coalition pour « deux ou trois ans »

Arrivé dans le tiercé de tête aux élections de l’Assemblée constituante, le Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki veut passer aux travaux pratiques. « Il faut un gouvernement de coalition le plus large dès que possible », a insisté Moncef Marzouki devant la presse, mercredi 26 octobre.  « Aucune contradiction entre la religion et être progressiste », a-t-il ajouté, balayant d’un revers de main les questions sur un rapprochement entre son parti nationaliste de gauche et les conservateurs islamistes d’Ennahda.

Pour l’ancien président de la Ligue des droits de l’homme rentré en Tunisie après des années d’exil en France, il s’agit de « bâtir la 1ère République, et non la 2e, car nous n’en avons jamais eu », avec un gouvernement de coalition non pour un an, comme cela a souvent été évoqué, le temps pour les élus de la nouvelle assemblée de rédiger la future Constituante, mais « pour le temps qu’il faut, deux, trois années… »

« Nous proposons des Etats généraux pour réformer la justice, la police politique, un audit sur l’état de l’économie… Tout cela prend au minimun un an, et puis il faut que les ministres apprennent leur métier, a poursuivi Moncef Marzouki. Nous avons besoin d’un exécutif pour gouverner et non pour expédier les affaires courantes, la Tunisie ne pourra pas supporter une nouvelle période intermédiaire ».

Commencées avant même le scrutin, les négociations vont bon train à Tunis avec le parti islamiste Ennadha, sorti premier des urnes, le CPR et le parti Ettakatol (social democrate) arrivés derrière. Les discussions portent notamment sur la désignation du prochain président de la République provisoire, étant entendu qu’Ennahda revendique depuis le début le poste de chef de gouvernement.

« Nous sommes disposés à prendre toutes les responsabilités et prêts à discuter avec nos partenaires », affirme Mohamed Bennour, porte-parole du parti Ettakatol dont le chef de file, Mustapha Ben Jafaâr, a toujours affiché son ambition pour la présidence. De son côté à peine rentré en Tunisie après la chute de l’ancien régime le 14 janvier, Moncef Marzouki, comparable à un Jean-Luc Mélenchon tunisien, avait assitôt fait acte de candidature à la fonction de chef d’Etat. Des déclarations alors mal ressenties par les tunisiens qui lui avaient réservé un accueil plutôt frais, pour ne pas dire hostile, tant à Sidi Bouzid, foyer de l’insurrection tunisienne, que sur la place de la Kasbah, lieu tunisois de la contestation.

Dix mois plus tard, le CPR refait surface, comme une des principales forces du nouveau paysage politique tunisien.

SOURCE              maghreb.blog.lemonde.fr