Pourquoi la France ne doit pas abandonner le Qatar!

LE CERCLE/POINT DE VUE – Les échanges de la France sont moins importants en volume avec le Qatar qu’avec l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Mais plusieurs autres éléments de nature économique plaident pour le maintien de la bonne relation franco-qatarie.
Presque deux mois après le début de la crise qui a secoué le Golfe, le Qatar semble avoir remporté la partie dans la guerre d’usure que lui livrent ses adversaires et voisins régionaux. La conférence qui s’est tenue le 30 juillet au Bahreïn entre le pays hôte, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte a accouché d’un communiqué succinct, où les exigences vis-à-vis de Doha ont été considérablement réduites .
Force est de constater que, après huit semaines de blocus terrestre et l’isolement diplomatique qu’on a tenté de lui imposer, le Qatar a réussi son pari de faire face à la tempête en mobilisant précisément les alliés dont l’Arabie saoudite voulait le couper, nommément l’Iran et la Turquie .
Espérant étrangler l’économie qatarie, le royaume saoudien a sous-estimé le réseau que l’émirat s’est efforcé de construire depuis les années 1990. L’exploitation du plus grand gisement de gaz au monde et la stratégie de diversification économique pour construire la «marque» Qatar semblent ainsi avoir porté leurs fruits : le Qatar s’est imposé comme un partenaire économique non négligeable pour les pays occidentaux, et notamment la France, peut-être la plus visible dans ce jeu de séduction mutuelle que sont devenues les relations avec les pays du Golfe.
France-Qatar, pour des relations privilégiées
La France a un intérêt certain à appeler à l’apaisement de la crise, et à démontrer qu’elle peut discuter avec tous ses partenaires. Cette diversification des échanges et des interlocuteurs est vitale pour que la diplomatie française ne perde pas pied au Moyen-Orient.
Le Qatar n’est certes pas le seul partenaire économique de la France dans cette région. Pour preuve, les échanges en 2016 entre l’Hexagone et l’Arabie saoudite (7,9 milliards d’euros), ajoutés à ceux des Emirats arabes unis (4,66 milliards d’euros), dépassent de loin le volume des échanges avec le Qatar, d’un montant de 2 milliards d’euros.
Cet argument a souvent été brandi, en s’interrogeant sur l’opportunité de s’accrocher à ce partenaire mineur ou de se concentrer uniquement sur les autres pays du Golfe. Néanmoins, en y regardant de plus près, deux facteurs permettent de dire qu’il est stratégique de maintenir et soutenir la bonne relation franco-qatarie.