Saïf Al-Islam Kadhafi a été arrêté dans le sud de la Libye

Saïf Al-Islam Kadhafi, capturé samedi dans le sud de la Libye, sera jugé équitablement en Libye pour des crimes graves passibles de la peine de mort, a déclaré le ministre libyen de la justice Mohammed al Alagy. Seif Al-Islam était le dernier fils encore en cavale de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, tué le 20 octobre.

« Il a incité à tuer, il a détourné des fonds publics, a menacé, comploté et même pris part au recrutement et à l’acheminement de mercenaires », a-t-il poursuivi. Prié dedire s’il encourait la peine capitale, le ministre a répondu par l’affirmative. « C’est Kadhafi qui l’a créée », a-t-il souligné.

Saïf al Islam a été inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne d’avoir pris une part active à la répression du soulèvement contre le régime de son père, mais le gouvernement libyen de transition souhaite qu’il soit jugé dans son pays et pas seulement pour les faits récents. La CPI ne peut prononcer la peine de mort.

« Nous sommes prêts à juger Saïf al Islam. Nous avons procédé à des réformes légales et judiciaires suffisantes pour lui garantir un procès équitable », assure Mohammed al Alagy, qui ne devrait pas conserver son portefeuille dans le gouvernement en cours de formation. « Nous avons aboli tous les tribunaux d’exception et séparé les pouvoirs judiciaire et politique. Nous invitons les organisations internationales et locales à assister au procès de Saïf al Islam. Nous allons le juger conformément aux normes internationales », a-t-il ajouté.

LA CPI DEMANDE SON TRANSFERT

Quelques heures après l’annonce de l’arrestation du fils du défunt « Guide », la CPI a déclaré que Tripoli avait « l’obligation » de coopérer avec La Haye. La Cour n’a cependant pas exclue que le procès de l’héritier politique de son père se tienne an Libye.

« Un mandat d’arrêt a été lancé par la CPI. Les autorités libyennes ont donc l’obligation de coopérer avec la cour », a déclaré le porte-parole de la CPI, Fadi El-Abdallah. « Si les autorités libyennes estiment qu’un procès au niveau national est une meilleure solution, ils devront alors demander à la CPI que l’affaire ne soit pas recevable à La Haye, selon le principe de complémentarité. » Le procureur de la CPI doit se rendre en Libye la semaine prochaine.

Saïf Al-Islam avait fui Tripoli avec son père et son frère Mouatassim. Accusé d’avoirjoué un « rôle-clé dans la mise en œuvre d’un plan » conçu par son père pour« réprimer par tous les moyens » le soulèvement populaire, il s’était réfugié à Syrte et avait réussi à échapper aux troupes du Conseil national de transition qui ont tués l’ancien leader libyen et Mouatassim.

Dans l’imméadiat, Saïf al Islam, qui a été capturé dans le sud du pays, près d’Obari, une localité située au sud-ouest de l’oasis de Sebha, sera transféré à Zenten , à 170 km au sud-ouest de Tripoli, a précisé le chef « des opérations des thowar (révolutionnaires) de Zenten ». A l’annonce de sa capture, des coups de klaxons et des tirs de joie ont retenti dans la capitale libyenne pour célébrer la nouvelle.

Le fils de Kadhafi a déclaré à une journaliste de Reuters, présente à bord de l’avion cargo de fabrication soviétique qui le conduisait à Zenten, qu’il était bien portant, et que les blessures à sa main droite étaient dues à un raid aérien de l’Otan remontant à un mois.

SAÏF AL-ISLAM NÉGOCIAIT SA REDDITION AVEC LA CPI

Le 2 novembre, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU avoir eu des contacts informels avec Saïf Al-Islam et avoir reçu des questions « sur les conditions légales relatives à sa possible reddition ».

D’après un haut responsable militaire du Conseil national de transition (CNT), Saïf Al-Islam aurait proposé fin octobre de se rendre à la CPI, en compagnie de l’ancien chef des services du renseignement du régime déchu, Abdoullah Al-Senoussi, lui aussi en fuite. Les deux hommes cherchaient vraisemblablement à passer un accord avec La Haye par le truchement d’un pays voisin.

Saïf Al-Islam Kadhafi et Abdoullah Al-Senoussi auraient en effet conclu qu’ils n’étaient plus en sécurité en Libye et qu’ils ne le seraient pas plus en Algérie ou au Niger. « Ils pensent qu’il n’est pas sûr pour eux de rester là où ils sont ou d’aller où que ce soit », avait expliqué le responsable du CNT, précisant que le Niger réclamait une trop forte somme d’argent.

Selon des sources sécuritaires nigérienne et malienne, l’ancien chef des services de renseignements libyens se serait réfugié au Mali fin octobre. Les autres enfants de l’ancien dirigeant ont trouvé refuge dans des pays voisins, Mohamed, Hannibal et Aïcha en Algérie avec Safiya, la veuve de Kadhafi, et Saadi au Niger.