Tunisie : les islamistes revendiquent la tête du futur gouvernement
Le parti islamiste Ennahda, donné vainqueur de l’élection de dimanche en Tunisie, veut former un gouvernement d’ici à un mois, présentant pour le poste de premier ministre la candidature de son numéro deux, Hamadi Jebali.
« Il est tout à fait naturel que le parti qui a obtenu la majorité dirige le gouvernement », a déclaré, mercredi 26 octobre, le dirigeant d’Ennahda, Rached Ghannouchi, sur la radio Express FM.
CANDIDATURE DE JEBALI AU POSTE DE PREMIER MINISTRE
« Dans le cadre de nos discussions avec les partis concernés, Ennahda a informé ses partenaires de son intention de présenter la candidature de Hamadi Jebali au poste de premier ministre », a déclaré Nourredine Bhiri, membre de l’exécutif d’Ennahda.
M. Jebali, 62 ans, est l’un des cofondateurs d’Ennahda. Originaire de Sousse (Centre-Est), cet ingénieur de formation et ancien journaliste est un interlocuteur privilégié des chancelleries occidentales. Opposant de longue date à l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, il a passé seize ans en prison, dont dix à l’isolement, sous l’ancien régime, et représente le visage modéré du parti islamiste.
IDENTITÉ ARABE DE LA TUNISIE
Sur Express FM, M. Ghannouchi a insisté pour mettre en avant l’identité arabe de la Tunisie, « une affaire nationale qui concerne tout le monde, pas un seul parti ». « Notre langue, c’est la langue arabe. On est devenus franco-arabes, c’est de la pollution linguistique », a-t-il déploré, alors que le parler dialectal tunisien mélange le français et l’arabe, le français étant encore largement pratiqué depuis l’indépendance, en 1956.
« Les lignes rouges, c’est encore une fois les libertés publiques, les droits de l’homme, les droits de la femme, de l’enfant, et sur ça on ne pactisera jamais, jamais », a déclaré Moncef Marzouki, leader du parti de gauche nationaliste Congrès pour la république (CPR).
De son côté, la coalition de gauche du Pôle démocratique moderniste (PDM) a assuré qu’elle resterait « vigilante ». « Le peuple n’a pas donné un chèque en blanc à Ennahda », a souligné Jouneidi Abdeljawad, un des responsables d’Ettajdid, principale force du PDM.
L’AVANCE D’ENNAHDA SE CONFIRME
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a confirmé, mercredi, l’avance d’Ennahda, qui a remporté 44 sièges à l’issue du dépouillement des bulletins de vote de quatorze des vingt-sept circonscriptions du pays. Si l’on y ajoute les résultats du vote à l’étranger, le parti islamiste totalise pour le moment 53 des 217 sièges de l’Assemblée constituante.
Le CPR recueille en tout 18 sièges, dont 4 à l’étranger. Vient ensuite la Pétition populaire pour la justice et le développement, de l’homme d’affaires Hechmi Haamdi, avec 16 sièges dont 1 à l’étranger. Cette liste inattendue dépasse pour le moment le parti de gauche Ettakatol, qui totalise 10 sièges (3 à l’étranger).
LEMONDE.FR avec AFP | 26.10.11 | 23h17